Vivi-Anne P. Sylvander a passé son enfance et sa jeunesse dans la froideur du nord de la Suède d’où lui vient sons sens de l’intériorité, son approche sensible et son goût des gris bleutés que l’on retrouve dans ses peintures. Elle recouvre ses toiles d’une quantité de couches superposées comme des palimpsestes. Ce qui confère à la surface du tableau une profondeur mystérieuse.

Sa curiosité la conduit à explorer le monde des couleurs et des formes, de l’écriture et de la matière. Elle expérimente toutes sortes d’associations, assemblant divers matériaux tels écorces, jute, fil de fer, végétaux…, collant des papiers qu’elle fabrique à partir d’éléments variés. Sa préférence va au tissu, au fil, celui qui parcourt la plupart de ses œuvres. Pour sa fragilité, oui, pour sa résistance,… peut-être aussi comme le fil d’Ariane.

Car le métier de peindre est un apprentissage permanent permanent où alternent recherches, remises en question, erreurs et acquisitions… Ce qui la passionne par-dessus tout, c’est l’écriture, toutes les écritures, pour leur beauté graphique. Ainsi le mariage du tissu et de l’écriture nous donne de splendides batiks, de cette technique traditionnelle indonésienne aux couleurs profondes.

Elle invente des signes, des séries, les déploie sur le tissu mais aussi à l’acrylique sur papier noir contrecollé. Enfin elle s’adonne au dessin de nu, apprentissage du regard, du trait décisif, défi de l’instant, ce qui la ravit. Elle précise avec son accent empreint des brumes du Gand Nord : « Je n’aime pas utiliser le mal être pour faire de l’art, j’aime le Beau, je préfère cultiver ce qui est beau en moi. » Pas de découverte sans aventure !

Et c’est à cette aventure que la rétrospective de Vivi-Anne P. Sylvander nous convie, dans les méandres de sa création foisonnante, dans la richesse de ses motifs jusque dans la profondeur de ses couleurs.

Edwige Breiller-Tardy